Ce n’est plus un secret, j’achète de plus en plus de produits sur Amazon. J’ai parfois honte de dire que je préfère utiliser les services de ce géant du commerce électronique plutôt que d’aller dans les boutiques physiques locales. Mais je fais simplement partie d’une tendance et d’une grande masse de consommateurs qui aiment acheter en ligne, là où n’est pas encore la grande majorité des détaillants québécois. Heureusement pour notre économie, la situation est en train de changer grâce à une belle initiative d’ici.
Il y a plusieurs années, à l’époque où j’étais travailleur autonome, j’achetais mes pièces informatiques dans une boutique locale. Elle proposait sur son site Web une liste des pièces avec les prix régulièrement mis à jour et souvent plus avantageux que les magasins à grande surface.
Puis un jour, il est arrivé quelque chose de plutôt décevant. La boutique locale a mis en ligne une refonte de son site Web. La liste des pièces, qui était offerte jusqu’alors en format PDF, a été remplacée par une section « Produits » mentionnant que le contenu serait disponible bientôt. Or, aujourd’hui (7 ans plus tard !), la liste de produits n’est toujours pas affichée sur son site Internet. Pire encore, sa section « Promotions en cours » retourne vers une page d’erreur.
Malheureusement, cet exemple d’un détaillant local québécois qui n’a pas su s’adapter à l’évolution et la forte tendance du commerce en ligne (ce qui est plutôt ironique pour une boutique informatique) en est un parmi tant d’autres.
L’initiative « Virage numérique » au secours des PME québécoises
Le « Virage numérique » des détaillants québécois est un projet d’envergure et très audacieux qui a été initié à l’automne 2017 par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), en collaboration avec le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation qui le finance à 100 % (investissements de 5 millions de dollars). Sa réalisation est appuyée par les instances économiques locales, soit les chambres de commerce, les sociétés de développement commercial (SDC) et les associations sectorielles.
L’initiative a pour objectif ambitieux de migrer plus de 1 325 détaillants du Québec vers la vente en ligne transactionnelle, et ce, dans un délai de 24 mois. Pour accomplir cette mission, on offre ici un programme d’accompagnement personnalisé et gratuit aux PME du commerce de détail.
D’abord, un conseiller expert en commerce électronique se déplace dans le point de vente du détaillant pour établir un diagnostic de sa situation actuelle. Cette personne-ressource propose ensuite un plan d’action qui peut nécessiter (pas toujours) des services professionnels. Il peut notamment l’aider à choisir un fournisseur, l’accompagner dans la réalisation de son plan d’action et, si nécessaire, lui proposer une formation en commercialisation. L’intervention qui, je le rappelle, est entièrement gratuite représente l’équivalent de cinq jours d’accompagnement.
Bien que l’accompagnement soit entièrement financé et gratuit pour le détaillant, ce dernier doit évidemment être prêt à consentir des ressources financières, des efforts et des énergies à la réussite de son projet numérique. Cela étant dit, il sera déjà bien orienté et pourra concentrer ses efforts et ses ressources aux bons endroits.
En mars 2017, le gouvernement du Québec estimait qu’environ 90 % des entreprises du secteur du commerce de détail de la province avaient un site Web uniquement informationnel. Environ 14 % d’entre elles utilisaient leur plateforme pour vendre des produits ou des services en ligne.
Vous faites partie des détaillants qui n’ont pas encore sauté le pas ? Si ce projet vous intéresse, je vous invite à vous inscrire sur le site Web officiel du Virage numérique en cliquant sur le bouton « S’inscrire » affiché à plusieurs endroits du site et en remplissant le formulaire. La sélection des détaillants participants se fait en collaboration avec les instances locales décrites plus haut.
Le site Internet du projet est plutôt dynamique. Il est régulièrement mis à jour et présente les détaillants qui ont enfin leur boutique en ligne. Il propose également de nombreuses informations et ressources pour les détaillants. Enfin, vous pouvez vous abonner à la page Facebook qui est aussi très intéressante à suivre.
Des chiffres qui en disent long sur la situation des détaillants québécois
Dans une étude annuelle publiée il y a un an, le CEFRIO (Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations) indiquait que les Québécois avaient dépensé plus de 8,5 milliards $ en ligne durant l’année 2016. De ce chiffre impressionnant, on estimait qu’environ 75% de l’argent dépensé en ligne par les adultes québécois sortait de la province (estimation basée sur l’étude de l’année précédente).
Je ne serais pas étonné qu’une large part de ce pourcentage soit associée à l’achat fait sur Amazon. D’ailleurs, le géant du cybercommerce n’a jamais été en aussi bonne santé. Pour la première fois de son histoire, il a dépassé la capitalisation boursière de Google en mars 2018 (après avoir rattrapé Microsoft en février) pour atteindre les 760 milliards $, tout juste derrière Apple.
La popularité d’Amazon ne se dément pas chez nous. Toujours selon l’Indice du commerce électronique au Québec (ICEQ) publié par CEFRIO en 2017 (j’aime vraiment beaucoup les études de cet organisme), Amazon se retrouve en première position (et loin devant) des différents classements de l’étude. Son application mobile, notamment, est la plus utilisée par les Québécois pour l’achat en ligne et son site Internet est le plus utilisé en termes de montant d’achats et de volume de transactions.
Des géants du commerce de détail « traditionnel » s’inclinent devant Amazon
Au cours des dernières années, les plateformes de commerce électronique comme Amazon ont eu raison de grandes chaînes de magasins comme Sears (Canada) qui a été acculée à la faillite en 2017 et a fermé ses portes officiellement en janvier dernier.
Dans les années 90 (on parle quand même seulement d’une vingtaine d’années), Sears était l’un des rois du commerce de détail au Canada avec son catalogue que je me souviens avoir feuilleté dans ma jeunesse, notamment, pour des idées de cadeaux de Noël. Il est malheureusement un autre bon exemple de détaillant qui n’a pas su s’adapter à la nouvelle réalité du commerce en ligne. Cela est plutôt paradoxal puisque le concept même de Sears était fondé sur les commandes à distance !
À voir de grandes chaînes subir les contrecoups de la popularité des géants du commerce en ligne, on peut imaginer facilement la crainte des plus petits détaillants québécois de voir aussi leur entreprise s’effondrer. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas trop tard pour agir et se lancer dans le commerce en ligne. Mais par où commencer ? C’est à cette question que répond l’initiative « Virage numérique ».
2 commentaires
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Excellent édito, Dominic. Plus nos entreprises prennent le virage du commerce électronique, meilleure est l’offre locale et nos chances de croître chez nous!
@Jean merci pour le commentaire. C’est tout à fait exact. Espérant qu’une telle initiative permette de sensibiliser les entreprises québécoises à « l’urgence » d’être là où les internautes québécois achètent de plus en plus. Ce n’est pas seulement vrai pour les détaillants mais aussi pour n’importe quelle entreprise qui n’a même pas encore de site internet. Elles sont rares mais il y en a encore.