Au mois de septembre dernier, Google a annoncé officiellement la tenue d’une grande conférence le 4 octobre 2016. Ces dernières semaines, les rumeurs ont fait planer le mystère, entre autres, sur l’annonce d’un nouveau téléphone Android qui remplacerait la gamme Nexus et qui serait conçu entièrement par Google (à la manière d’Apple avec son iPhone). La société nous avait promis une conférence historique. Est-ce le cas ?
Il est un peu tôt pour juger si l’événement du 4 octobre 2016 sera bel et bien historique. Mais cette conférence marque véritablement un point important dans l’histoire de Google qui s’inspire enfin du modèle Apple pour proposer un ensemble de produits conçus par l’entreprise elle-même et qui tournent autour d’un réel écosystème.
« Made by Google » était le thème de cette conférence. Tous les produits annoncés lors de cet événement ont été dessinés et conçus par Google. Ils sont la concrétisation de ce qui avait été annoncé lors de la conférence Google I/O 2016 en mai dernier.
L’intelligence artificielle au cœur du nouvel assistant de Google
Google lance officiellement son nouvel assistant intelligent qui remplacera le très connu Google Now sur Android. « Google Assistant » est enfin le rival de Siri (Apple) que j’attendais depuis longtemps.
Aujourd’hui, Google Assistant arrive sur les nouveaux appareils conçus par Google. Il est doté d’une intelligence artificielle sur laquelle l’entreprise travaille depuis un bon moment. Il apprend et se personnalise selon l’utilisateur grâce à diverses technologies, dont le réseau de neurones artificiels.
Évidemment, ce « machine learning » (ou apprentissage automatique) ne se fait pas sans une plus grande collecte de données personnelles pour répondre plus précisément aux requêtes de l’utilisateur. Ce qui ne manquera pas de titiller les paranoïaques de la vie privée. C’est le prix à payer pour vivre avec un assistant qui sait tout de nous et qui peut répondre précisément à toutes nos demandes.
Google Home, un compagnon intelligent pour la maison
Voici un centre névralgique pour l’assistant Google qui met en relation tous les appareils conçus aujourd’hui par l’entreprise. Google Home est une enceinte cylindrique contrôlée par la voix qui permet à la base de jouer de la musique depuis votre service de « streaming » favori (YouTube Music, Spotify, Pandora et, sans surprise, Google Play Music).
Il est possible de « caster » sur l’enceinte de la musique depuis un appareil Android, comme sur un Chromecast. Le volume peut alors être contrôlé depuis le téléphone ou la tablette, sinon par la partie supérieure tactile de l’enceinte.
Produit idéal pour avoir une maison connectée sans avoir recours à la domotique coûteuse, Google Home permet aussi de contrôler par la voix d’autres objets connectés de la maison (télé, Chromecast, thermostat Nest de Google, etc.). Des LED de couleur s’allument lorsqu’il est en écoute d’une commande.
Équipé de l’intelligence artificielle de Google Assistant, l’appareil peut notamment répondre à des questions en puisant l’information depuis le Web. Un simple « OK Google » le matin vous permet par exemple d’obtenir la météo locale ou l’itinéraire du trajet menant à votre premier rendez-vous. Synchronisé avec votre appareil Android, il ajoutera facilement des éléments à votre liste de courses à faire avant de revenir à la maison où il résumera votre journée.
Il est possible d’ajouter une enceinte Google Home à plusieurs endroits de la maison. Chacune est synchronisée avec les autres et s’agence avec la pièce où elle se trouve grâce à une base qui est interchangeable. Sept couleurs sont offertes, soit mangue, marine, violet, gris, carbone, neige et cuivre. Pour éviter la confusion, seul l’appareil le plus proche peut être contrôlé par la voix.
Google Home est déjà offert en précommande aux États-Unis pour un prix de 129 $US. Il sera commercialisé officiellement le 7 novembre prochain. Il est difficile de dire s’il sera lancé partout à cette date, dont au Canada.
Google Wi-Fi, le routeur pour mieux connecter la maison
Tous les appareils connectés entre eux à la maison ne peuvent pas bien fonctionner sans un bon réseau Wi-Fi. Google a conçu son propre routeur sans fil, en prétendant que le débit de son appareil sera meilleur que ceux déjà présents sur le marché. Cela reste à prouver bien sûr.
Là où le « Google Wi-Fi » pourrait se démarquer, c’est dans sa gestion simplifiée par une application mobile. D’autres fabricants proposent déjà ce genre d’application, mais les fonctionnalités semblent ici adaptées au maximum pour la famille.
Un parent pourra, par exemple, déconnecter du réseau Wi-Fi la tablette ou l’ordinateur de son enfant au moment du coucher. Il sera aussi possible de prioriser facilement certains terminaux dans le cas où l’on souhaite leur attribuer plus de débit (utile pour les jeux en ligne entre autres). Enfin, plusieurs petits routeurs Google pourront être connectés entre eux partout dans la maison pour étendre la couverture du signal. Google affirme que l’ajout d’un routeur au réseau existant se fera automatiquement et simplement, sans configurations complexes.
Le petit routeur cylindrique de Google sera offert en précommande en novembre prochain, pour une commercialisation en décembre. Aucun détail n’a été communiqué par rapport à ses caractéristiques ni sa disponibilité ailleurs qu’aux États-Unis. Le prix est fixé à 199 $ l’unité ou 299 $ pour l’ensemble de trois routeurs. Les intéressés peuvent s’inscrire à la liste d’attente sur cette page : https://madeby.google.com/wifi/.
Un nouveau modèle de Chromecast qui supporte la 4K
Si les télés 4K ont été populaires au dernier Salon CES 2016 en janvier, les appareils supportant cette définition ne sont pas si nombreux. Aujourd’hui, Google propose un nouveau Chromecast qui peut diffuser sur la télé du contenu 4K provenant de sources comme YouTube et Netflix, mais aussi bientôt Google Play. En effet, la boutique offrira ce type de contenu d’ici la fin de l’année.
En plus de supporter la définition 4K (contrairement à l’ancien modèle qui diffuse en Full HD 1080p), le Chromecast Ultra est doté de la technologie HDR qui améliore la qualité de l’image. Celle-ci est plus précise, plus lumineuse et offre des couleurs plus détaillées. Selon Google, le nouveau Chromecast serait 1,8 fois plus rapide que le modèle standard. Sa connectique est toujours sans fil (Wi-Fi 802.11ac), mais cette fois l’appareil intègre un port Ethernet standard (le même que sur votre ordinateur) pour un branchement filaire. Ce sera sûrement plus rapide avec de la diffusion de contenus 4K.
Quant à son apparence, le Chromecast Ultra diffère peu du modèle actuel. Pour le reste, je précise que le Google Home que j’ai présenté plus tôt pourra diffuser du contenu directement sur le Chromecast Ultra par des commandes vocales. Ce contenu peut être, par exemple, des vidéos ou des photos provenant du Cloud (Google Photos). L’appareil sera vendu aux États-Unis en novembre à un prix de 69 $US, soit presque le double du modèle actuel en Full HD. Au Canada, ce prix est fixé à 90 $.
Les téléphones Nexus font place au Pixel
Cette annonce était sûrement la plus attendue de la conférence après les nombreuses rumeurs des derniers mois. Les informations qui ont fuité sur Internet se sont avérées justes. Google délaisse sa marque Nexus pour le « Pixel ». Si les Nexus étaient produits en partenariat avec différents fabricants, le Pixel est conçu entièrement par Google comme le fait Apple avec son iPhone.
Le téléphone est offert en deux formats (Pixel et Pixel XL) qui ont une taille différente, mais une allure identique. Le boîtier « monocorps » haut de gamme allie verre et aluminium. Au premier coup d’œil, il est difficile de ne pas le comparer aux derniers iPhone d’Apple. Google s’en est visiblement inspiré.
Le Pixel possède un écran de 5 pouces en Full HD (1920 par 1080 pixels), alors que celui du Pixel XL est de 5,5 pouces en QHD (2560 par 1440 pixels). Les deux formats embarquent le puissant processeur Snapdragon 821, 4 Go de mémoire vive DDR4, 3 microphones (2 en façade et 1 au dos), un espace de stockage de 32 Go ou 128 Go, de même qu’un lecteur d’empreinte digitale qui est situé au dos plutôt qu’à l’avant (comme le Nexus de l’an dernier).
Du côté de la connectique, on retrouve le Wi-Fi 802.11ac 2×2 MIMO (technologie à 2 antennes qui permet d’augmenter la bande passante), le NFC, le Bluetooth 4.2 et la 4G LTE pour le réseau cellulaire. Le branchement du téléphone se fait par un port USB Type-C, donc réversible. Il permet la recharge rapide des batteries du Pixel (2770 mAh) et du Pixel XL (3450 mAh). Google affirme qu’une simple charge de 15 minutes permet d’obtenir 7 heures d’utilisation. Je suis sceptique !
La partie photographie et vidéo est assurée par une caméra arrière de 12,3 Mpx qui, selon Google, serait supérieure à tous ses concurrents, dont l’iPhone 7. Elle propose un grand capteur d’une ouverture à f/2.0 et le HDR+ qui permet d’obtenir des couleurs vives sur les photos, en plus de filmer en 4K. Le tout est complété par une caméra frontale de 8 Mpx pour les égoportraits. L’utilisateur d’un téléphone Pixel profitera d’un espace de stockage illimité dans le Cloud (Google Photos) pour sauvegarder les photos dans leur taille originale (non optimisée).
Enfin, les téléphones Pixel sont les premiers à intégrer le nouvel assistant Google présenté plus haut.
Si, dans l’ensemble, le tout est intéressant, je vois quand même quelques points négatifs. Je pense entre autres à l’absence d’une résistance à l’eau (certification IP67 ou IP68) présente sur de nombreux produits concurrents, le son qui n’est pas stéréo (un seul haut-parleur), le capteur photo arrière qui n’offre pas la stabilisation optique, de même que l’impossibilité d’ajouter une carte mémoire externe comme le permet notamment le Galaxy S7 de Samsung. Le prix, lui, est aussi plus élevé que celui de la gamme Nexus qui était l’un de ses points forts.
On devra débourser 899 $ (32 Go) ou 1 029 $ (128 Go) pour le Pixel, alors que le Pixel XL se vend 1 049 $ ou 1 179 $ selon la capacité. Les deux appareils sont déjà offerts en précommande au Canada chez Telus, Bell et Rogers avec un choix de deux couleurs (Quite Black et Very Silver). Aucune date n’a été précisée pour l’Europe.
DayDream View, le premier « vrai » casque de réalité virtuelle de Google
La réalité virtuelle se démocratise lentement depuis deux ans. Cette année, plusieurs fabricants ont mis en marché leur casque pour profiter de cette expérience qui n’est toujours pas très abordable. À ce sujet, Google s’est quelque peu démarqué du lot avec le « Cardboard », un masque de réalité virtuelle en carton à monter soi-même. On peut acheter un Cardboard préassemblé pour moins de 20 $.
Google a dévoilé officiellement le DayDream View, un « vrai » masque de réalité virtuelle qui a plus de classe que le Cardboard. Comme ce dernier toutefois, il n’est pas autonome et ne fonctionne qu’en insérant son téléphone à l’intérieur. D’ailleurs, les deux téléphones présentés dans cet article sont les premiers à être certifiés et 100 % compatibles avec la plateforme Daydream de Google. Il semble qu’il pourra tout de même fonctionner avec d’autres téléphones.
Entièrement recouvert de tissus en microfibres, le Daydream View est élégant et plus léger que les autres casques de réalité virtuelle du marché, dont le Gear VR de Samsung qui présente des familiarités. Le masque vient avec une télécommande qui peut être rangée à l’intérieur de celui-ci. Son prix est quand même avantageux par rapport à celui de ses concurrents, soit 79 $US. Offert avec un choix de trois couleurs, il sortira sur le marché en novembre aux États-Unis. Sa disponibilité et son prix ailleurs dans le monde sont à déterminer.
Alors, est-ce que ces annonces ont fait de cette conférence un événement historique ? Donnez votre avis en commentaires…