Encore un autre, me direz-vous… Après la migration massive d’utilisateurs depuis la plateforme X (Twitter) vers le jeune Bluesky où je me suis inscrit sur invitation en 2023, voilà qu’un nouveau réseau social québécois basé sur la plateforme décentralisée Mastodon a vu le jour le 6 février dernier. Est-ce qu’il saura attirer les non geeks du Québec vers le « Fédivers » jugé souvent trop complexe ? Une partie de réponse se trouve peut-être dans sa croissance plutôt rapide.
Dans les dernières années, mon intérêt envers les réseaux sociaux a complètement disparu. Entre la trop grande présence de négativité et la malveillance des utilisateurs qui définissent désormais des plateformes comme X (Twitter), je ne me suis plus reconnu sur ces réseaux devenus trop toxiques.
C’est ainsi que j’ai lentement déserté Twitter jusqu’à supprimer mon compte à l’été 2024, disant adieu à des milliers d’abonnés que j’avais durement gagnés pendant plus d’une décennie. J’ai fait de même avec mon compte Facebook personnel, après avoir déjà supprimé ma page publique au début de l’année dernière. D’autres réseaux sont également passés à la « trappe », dont Instagram qui fut jadis l’une de mes plateformes préférées à l’époque où ce n’était encore qu’une application de partage de photos.
Une nouvelle ère sociale et « décentralisée » gagne en popularité
Une tendance en matière de plateformes sociales dites « décentralisées » a toutefois piqué ma curiosité. Cela a commencé avec la découverte de Mastodon en 2022 qui se présente comme étant un réseau social « Open Source » dépourvu d’algorithmes et qui fait partie de ce que l’on appelle le « Fédivers » (ou Fediverse).
Le Fédivers réunit plusieurs plateformes informatiques qui sont toutes interconnectées les unes aux autres. Certaines sont axées sur la photographie à la manière de l’ancien Instagram (Pixelfed), d’autres s’apparentent au visuel de Facebook (Friendica) ou même YouTube (PeerTube), et, finalement, certaines rappellent la belle époque de Twitter (Mastodon).
Et chaque plateforme de cet univers social décentralisé comprend jusqu’à plusieurs centaines de serveurs (ou « instances ») sur lesquels les internautes peuvent s’inscrire. Grâce au protocole « ActivityPub » sur lequel sont basées toutes les plateformes du Fédivers, tous les serveurs qui les composent communiquent entre eux.
Pour faire simple, c’est un peu comme si depuis votre compte Facebook vous pouviez vous abonner aux comptes d’utilisateurs inscrits sur X (Twitter) ou LinkedIn et voir les publications de ceux-ci dans votre fil principal Facebook et interagir avec eux sans quitter le réseau.
Petite note au sujet de Bluesky…
Outre le Fédivers, dont fait partie Mastodon sur lequel est basé le nouveau réseau social Qlub lancé récemment, un autre réseau décentralisé nommé Bluesky a gagné en popularité en 2024, particulièrement suite au retour de Donald Trump à la Maison blanche aux États-Unis. De nombreux Québécois.es (particuliers, professionnels, journalistes, entreprises et autres) ont fait le choix de quitter la « poubelle » X pour rejoindre leurs ami.es virtuels sur Bluesky.
Ce réseau est, lui aussi, de nature décentralisée. Il fonctionne sur un protocole différent de celui du Fédivers, mais son objectif à long terme est similaire. Éventuellement, des développeurs pourront concevoir un nouveau réseau social basé sur le même protocole que Bluesky et les utilisateurs inscrits sur la nouvelle plateforme pourront communiquer et échanger avec ceux présents sur le réseau du papillon bleu.
Qlub, la promesse d’un réseau social québécois qui nous redonne le pouvoir !
D’abord, j’espère que vous êtes encore là et que je ne vous ai pas fait peur avec ce préambule un peu long et peut-être trop technique pour vous. Il me semblait opportun de vous expliquer un peu le « Fédivers » et la plateforme décentralisée Mastodon puisque le nouveau réseau social Qlub n’est en réalité qu’une nouvelle instance (serveur) faisant partie de cet écosystème.
Je n’ai pas été très actif sur Mastodon depuis mon arrivée sur la plateforme en novembre 2022. Le grand réseau présente plusieurs lacunes qui m’ont quelque peu détourné de lui. Mais il faut admettre qu’il présente un avantage intéressant : chaque serveur qui compose le réseau décentralisé s’oriente généralement vers une thématique précise et a ses propres règles. Beaucoup sont généralistes, mais d’autres ciblent une communauté spécifique dans un domaine particulier comme l’informatique par exemple.
On a donc aujourd’hui un nouveau réseau social qui a été mis en place par une entreprise québécoise pour les Québécois.es. Qui plus est, les responsables du projet ont fait le choix de le présenter comme une plateforme entièrement et seulement francophone, pour le moment du moins. La fierté nationaliste et l’identité propre au Québec ont des chances de se faire sentir… surtout avec le bouleversement économique et identitaire qu’est en train de causer Donald Trump qui souhaite assimiler le Canada, rien de moins !
L’entreprise derrière Qlub est Marketing.express, une plateforme québécoise d’intelligence artificielle qui aide les petites entreprises à promouvoir leurs produits et services sur Facebook, Instagram et LinkedIn. Une chose est certaine, elle connaît bien son domaine et les stratégies pour faire découvrir un projet.
Déjà, plusieurs médias ont abordé le sujet du nouveau réseau social depuis son lancement privé le 6 février 2025 et son ouverture officielle le 10 février. Ce qui a permis à Qlub.social d’accueillir un peu plus de 3 500 inscrits à un rythme de 500 par jour en une seule semaine. Pas si mal pour un nouveau réseau local submergé par un marché dominé par des géants américains !
En entrevue pour le magazine québécois bimensuel LES CONNECTEURS, le co-fondateur de Qlub, Philippe Larose Cadieux, a affirmé :
« On vient de mettre en ligne QLUB, le premier réseau social québécois, en réponse à ce qui se passe avec nos voisins américains. Je pense qu’on était dû pour avoir une plateforme où l’on peut se parler entre nous, et être un peu plus indépendants des grosses plateformes américaines ».
Il précise également qu’il n’y a pas de publicités ni d’algorithmes sur le réseau, laissant à l’utilisateur le choix de voir ce qu’il veut sur son propre fil d’actualités. Ce sont là des caractéristiques majeures et appréciables de Mastodon. De plus, bien que le réseau soit destiné principalement aux personnes du Québec, il est ouvert à tout le monde de la francophonie. Enfin, il a été mentionné sur Qlub qu’une application mobile dédiée, sûrement à l’image du réseau, est en préparation. En attendant, on peut se tourner vers l’application officielle de Mastodon.
Vous pouvez voir l’entrevue complète ci-dessous ou lire l’article sur le site Web du magazine.
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J’ai créé mon compte sur Qlub le 13 février. On remarque déjà une certaine effervescence et un sentiment d’appartenance à cette nouvelle communauté locale qui ne demande qu’à échanger de façon respectueuse et bienveillante. Espérons que la dynamique restera aussi saine à mesure que cette communauté prendra de l’expansion.
