En déclin dans les parts de marché face à un Google Chrome largement majoritaire et dominant, Firefox a vu son nombre d’utilisateurs diminuer de façon constante depuis plusieurs années. Un vent de changement a été annoncé il y a deux ans chez Mozilla. Une remise en question qui a abouti à la version 57 de Firefox baptisée « Quantum », un navigateur entièrement revu et corrigé. Après l’avoir essayé, je pense que la guerre contre Google Chrome est officiellement à nouveau déclarée.
Article mis à jour le 17 novembre 2017
J’ai commencé à utiliser Firefox au début des années 2000, au même moment où j’ai abandonné Netscape qui avait lui-même remplacé Internet Explorer sur mon ordinateur pour naviguer sur le Web (vous me suivez ?). À l’époque, malgré la position dominante d’Internet Explorer intégré à Windows, certains navigateurs Internet ont réussi à se tailler une place dans une bataille qui a fini par être dominée par un seul d’entre eux : Google Chrome.
Le navigateur de Google a été dévoilé à l’automne 2008. Plutôt modeste et dépourvu de grandes fonctionnalités a ses débuts, Chrome a pourtant été rapidement adopté au fil des versions grâce, notamment, à ses excellentes performances. Alors qu’Internet Explorer ne respectait aucun standard Web et que Firefox consommait toutes les ressources de l’ordinateur, Chrome a su se démarquer et aller chercher un à un les utilisateurs de ses concurrents.
En octobre 2017, on estimait les parts de marché de Chrome dans le monde à environ 54 %, toutes plateformes confondues. C’est beaucoup plus que les 9,8 % d’Internet Explorer et Edge réunis ou les 7,4 % de Firefox (source : Wikipédia).
Chrome est donc devenu la « norme » sur le marché des navigateurs Web sur ordinateur. Même s’il n’offre plus la légèreté de ses débuts, il reste le plus performant (malgré ce qu’en dit Microsoft avec son navigateur Edge dans Windows 10) et le préféré des utilisateurs qui l’ont adopté.
Revenons maintenant à Firefox, le navigateur « Open Source » de la fondation Mozilla. Il faut avouer qu’au cours des dernières années, il s’est grandement amélioré. Il est devenu plus performant en gérant mieux, notamment, la mémoire de l’ordinateur et en offrant des fonctionnalités souvent fortement inspirées de la concurrence. Mais il n’a jamais réussi à remonter la pente et à faire le poids contre Google Chrome.
Projet « Firefox Quantum » : ça passe ou ça casse !
Il y a environ deux ans, Mozilla a tenu une conférence au Canada pour annoncer une nouvelle stratégie devenue nécessaire à la survie de son navigateur Web. Sans entrer dans les détails, la nouvelle stratégie s’articulait sur trois axes distincts.
D’abord, on exigeait une qualité sans compromis quant aux nouvelles fonctionnalités. Si elles ne répondaient pas à certaines exigences, elles ne voyaient simplement pas le jour. Ensuite, on voulait s’assurer d’offrir « le meilleur du Web » en nouant des partenariats avec les développeurs d’extensions pour Firefox lorsqu’on ne pouvait pas développer les fonctionnalités à l’interne. De ce point est née, entre autres, l’intégration de l’extension « Pocket » dans le navigateur. Enfin, Mozilla allait se concentrer davantage sur les fonctionnalités qui rendent son navigateur unique et ce pour quoi les utilisateurs ont choisi Firefox.
À l’automne 2016, Mozilla a dévoilé son projet « Quantum ». On parlait ici de revoir entièrement la programmation du navigateur Firefox, allant jusqu’à l’abandon complet du « moteur de rendu » Gecko. Ce dernier est le « cœur » même du logiciel qui a tenté de rivaliser avec celui de Google Chrome, sans succès. La promesse de Mozilla était alors très grande :
« Les pages se chargeront plus rapidement et le défilement se fera en toute fluidité. Les animations et les applications interactives répondront instantanément et seront capables de gérer le contenu plus lourd tout en maintenant des taux de rafraichissement à la hauteur. Et le contenu le plus important pour vous obtiendra automatiquement la plus haute priorité, en concentrant la puissance où vous en avez le plus besoin… ».
La première version « bêta » de Firefox Quantum (version 57) a été proposée au mois de septembre dernier et présentée par Mozilla sur son blogue. Je vous invite d’ailleurs à lire cet article assez complet pour connaître et comprendre ce qui change avec la première version de la nouvelle génération de Firefox.
Un tour d’horizon sur les nouveautés et améliorations de Firefox Quantum
Le grand coup : des performances grandement améliorées
Selon Mozilla, Firefox Quantum consomme environ 30 % moins de mémoire vive (RAM) que Google Chrome. C’est un peu beaucoup comme évaluation, mais je dois avouer que la gestion de la mémoire de l’ordinateur est réellement plus efficace qu’avant. À ce sujet, je rappelle que Firefox avait déjà introduit en juin dernier un changement important en séparant les différents onglets ouverts en différents processus Windows (un peu à la manière de Google Chrome). Outre cela, toujours selon Mozilla, Quantum serait deux fois plus rapide que l’ancienne « génération » de Firefox.
Mozilla a mis en ligne une vidéo qui compare avec Google Chrome le chargement des pages sur son nouveau navigateur. Le résultat paraît trop optimiste, mais encore une fois il me semble représenter la réalité si je me base sur mon expérience d’utilisation des dernières semaines :
Un nouveau design plus moderne
Il n’y a pas que les performances qui ont été améliorées, le design connaît aussi une refonte majeure. Le nouveau visuel du nom de « Photon » se rapproche davantage de celui de Google Chrome. Les onglets sont maintenant rectangulaires et ont délaissé les coins arrondis. C’est plutôt chic et actuel.
La barre de recherche que je n’utilisais pas dans Firefox a enfin disparu; comme sur Chrome, la recherche sur le Web se fait directement dans la barre d’adresse du navigateur. Cela était déjà possible dans les anciennes versions du navigateur, mais le résultat prenait une éternité à s’afficher. Maintenant c’est instantané. Pour les utilisateurs que ça bouscule, ils peuvent toujours réintégrer la recherche à la barre d’outils en passant par le menu « Personnaliser » de Firefox :
Sinon, il est aussi possible de se rendre dans les « Options » du menu de Firefox et d’activer la barre de recherche dans la section « Recherche » :
L’une des améliorations que j’ai particulièrement aimées dans ce nouveau Firefox, ce sont les notifications qui apparaissent, notamment, lorsqu’un site Web ou une extension requiert une permission spéciale. On voit en détail de façon claire et précise ce à quoi il ou elle tente d’accéder. Visuellement, c’est bien plus beau que sur Google Chrome. Voici un exemple lorsqu’on installe l’extension Adblock Plus pour Firefox :
Un autre exemple quand on accède à un site Web qui veut nous envoyer des notifications :
La synchronisation n’est toujours pas complète
Si le visuel et les performances de Firefox Quantum me plaisent beaucoup, je lui ai trouvé un petit point négatif. Il aura fallu plusieurs années à Mozilla pour instaurer dans son navigateur la synchronisation entre les différents appareils. Mis en place en 2010, l’outil de synchronisation « Firefox Sync » s’est amélioré au fil des ans en permettant de synchroniser comme Google Chrome les marque-pages, l’historique de navigation, les préférences du navigateur, les mots de passe et les onglets ouverts.
Mais il manque toujours la synchronisation de la barre d’outils personnalisée, contrairement à Google Chrome où l’on retrouve une barre d’outils identique sur tous ses ordinateurs connectés à son compte Google. J’espère que ce sera intégré dans les prochaines versions.
Plusieurs extensions ne sont plus compatibles avec Firefox Quantum
En terminant, je dois mentionner un changement important en ce qui concerne la prise en charge des extensions dans Firefox Quantum. Pendant longtemps, les développeurs d’extensions pour Firefox ont utilisé le langage d’interface utilisateur (API) nommé « XUL ». Ce langage date de l’époque de Netscape, un navigateur des années 90 qui a depuis longtemps disparu. Désormais, Mozilla ne prend en charge que le standard « WebExtensions » utilisé par ses rivaux, dont Google pour Chrome et même Microsoft pour son navigateur Edge.
Mozilla a déjà incité les développeurs depuis un certain temps à convertir leurs extensions afin de se conformer au nouveau standard. Beaucoup ne l’ont pas fait. Ce qui veut dire que certaines extensions que vous utilisez pourraient ne plus fonctionner après la mise à jour de votre navigateur vers Firefox Quantum.
Lors de mes premiers essais de la version « bêta », quelques-unes de mes extensions avaient été désactivées après l’installation du navigateur. Firefox les a alors affichées séparément dans la gestion des modules complémentaires et a même proposé un lien permettant de trouver des extensions similaires. Malheureusement, les résultats proposés n’ont rien à voir avec l’extension désactivée !
L’un des points positifs de l’adoption de ce standard, c’est qu’il n’est enfin plus nécessaire de fermer et rouvrir Firefox après l’installation d’une extension. C’était pour moi un inconvénient majeur dans l’ancien navigateur puisque j’en teste régulièrement.
Ce que je pense de Firefox Quantum
Je suis un fervent utilisateur de Google Chrome depuis sa sortie en 2008. S’il n’était pas parfait au début, je l’ai adopté immédiatement à l’époque parce qu’il déclassait tous les autres navigateurs en termes de rapidité sur mon vieil ordinateur. Au cours des deux dernières années, j’ai installé toutes les nouvelles versions de Firefox en parallèle à Chrome sur mes ordinateurs pour suivre son évolution. Depuis l’an dernier, il a subi de nombreux changements très positifs. Mais il n’a jamais été mon navigateur par défaut.
Je teste Firefox Quantum (57) depuis un peu plus d’un mois. Mozilla prétend que son navigateur « Quantum » est deux fois plus rapide que l’ancienne mouture de son navigateur. Dans les faits, on n’est pas très loin de la réalité.
Le logiciel se lance très rapidement, et ce, même lorsque j’ai de nombreux onglets ouverts dans le navigateur. L’ouverture d’un nouvel onglet est d’ailleurs instantanée et très réactive, voire plus rapide que celle de Google Chrome. Il faut dire que le nouveau Firefox utilise désormais tous les cœurs présents sur le processeur multicoeur de la machine et cela paraît à l’exécution.
Dans l’ensemble, la nouvelle interface et les fonctionnalités ajoutées ou améliorées en font maintenant un concurrent de taille à Google Chrome.
Je recommande son installation…
Si vous êtes un utilisateur ou une utilisatrice inconditionnel(le) de Firefox, vous devez faire cette mise à jour sans hésitation. Si vous êtes plutôt habitué(e) à Google Chrome, je vous conseille tout de même d’installer Firefox Quantum et de vous familiariser avec celui-ci. Ce navigateur possède des arguments de taille pour nous convaincre, au-delà du fait qu’il respecte davantage l’idéologie de ce que devrait être un navigateur axé sur la vie privée. À ce sujet, le vice-président senior de Firefox, Mark Mayo, s’est confié au site 01net :
« Chrome est un navigateur conçu par un géant du Web, par une entreprise de la Silicon Valley qui veut vous vendre quelque chose. Nous, nous faisons un navigateur Web, pour que vous alliez en ligne, parce que c’est ce que nous aimons faire… Nous sommes une organisation à but non lucratif qui a une mission : rendre Internet accessible. C’est pour ça que nous avons toujours été très présents sur les fonctions de protection de la vie privée des utilisateurs, sur la sécurité. ».
Est-ce que je ferai définitivement de Firefox Quantum mon navigateur par défaut ? Les dés sont jetés. Tout est possible, même si l’habitude de Chrome reste bien ancrée. Il ne reste plus qu’à l’utiliser en restant objectif, comme j’ai l’habitude de le faire.