Cette semaine j’ai reçu un courriel de Google. Celui-ci dit tout par son simple titre : « Votre compte Google+ personnel cessera de fonctionner le 2 avril 2019 ». Cette fermeture avait déjà été annoncée par Google en octobre dernier suite à la divulgation d’une faille de sécurité importante découverte sur son réseau social en mars 2018 (elle a été corrigée immédiatement et Google n’en a jamais parlé !). Google+ n’aura malheureusement jamais connu le succès escompté. Pourtant, il avait beaucoup de potentiel. Je trouve dommage que le réseau disparaisse et je vous donne mon opinion à ce sujet.
Juin 2011, Google lance discrètement et sans grande parade un nouveau réseau social baptisé Google+. Il est alors accessible seulement sur invitation. J’avais eu la chance de faire partie des premières personnes à l’essayer grâce à une invitation reçue d’un dénommé Olivier Bonneau sur Twitter. Mon collègue de travail de l’époque et moi avions développé un grand intérêt envers ce réseau à ses balbutiements. J’avais exprimé mon opinion à ce sujet un mois après son lancement (lire : « Google+ : mon opinion et 150 invitations à donner »).
Au fil des ans, Google a usé de plusieurs stratégies souvent critiquées pour gagner des abonnés sur son réseau social. L’une d’elles a été de forcer la création d’un profil Google+ à l’ouverture d’un compte Google permettant d’utiliser ses autres services, dont Gmail. Un peu plus tard en 2013, le système de commentaires sur les vidéos YouTube a été remplacé par l’intégration de Google+. Ce changement a suscité la grogne des habitués de la plateforme, notamment de ses « vedettes ». Outre l’interface jugée plus compliquée, les notifications envoyées aux créateurs de contenus lors de nouveaux commentaires étaient reçues non plus directement sur YouTube, mais sur un compte Google+.
Sous la pression populaire des utilisateurs, Google a fait marche arrière en 2015 en ne rendant plus obligatoire la création du profil Google+ pour utiliser les autres services de la société (lire mon article « Le profil Google+ ne sera plus obligatoire pour utiliser YouTube et les autres services de Google »). Je pense que c’est à ce moment que le début de la fin de Google+ a réellement commencé.
Petit à petit, Google a « démantelé » son réseau social. La partie photographie du réseau a notamment été retirée de celui-ci et convertie en un service indépendant qui a aujourd’hui du succès, soit Google Photos.
La même chose s’est produite avec sa messagerie Hangouts, qui a connu un sort différent de Google Photos (lire « Comme Facebook Messenger et Skype, Hangouts de Google a maintenant son site Web dédié »).
Le service n’est à peu près plus utilisé depuis longtemps. Si peu qu’il sera progressivement retiré de la suite d’outils professionnels G Suite à partir du mois d’octobre prochain. Les clients migreront vers deux autres applications : Hangouts Chat (clone de l’application Slack servant aux conversations d’équipe en entreprise) et Hangouts Meet (application de visioconférence permettant des discussions en vidéo à 100 participants). Les utilisateurs individuels de Hangouts « classique » pourront continuer à l’utiliser jusqu’à ce que la migration dans G Suite soit complétée, quelque part vers le début de l’année 2020.
Tout cela étant dit, je pense que le réseau social de Google a peut-être été condamné d’avance du moment où l’on n’a pas cessé de le comparer à Facebook dès son lancement. Il est certain que l’un des objectifs de Google avec son réseau social était de concurrencer le réseau bleu qui comptait plus de 700 000 abonnés à ce moment-là (aujourd’hui il en compte plus de 2 milliards !).
Mais Google+ a toujours été plus que cela. Il était un projet destiné à ajouter une couche sociale à l’ensemble des services de la compagnie. Ce projet se sera traduit par un échec qui n’a pas empêché la société d’essayer à nouveau d’intégrer un peu de social à certains de ses services (lire « Avec sa nouvelle messagerie privée, YouTube se rapproche encore plus du concept d’un réseau social ».
Un réseau social qui a quand même fait évoluer ses concurrents
Malgré tout ce que l’on peut penser de mal au sujet de Google+ (ce qui n’est pas mon cas !), on ne peut pas nier qu’il a su, du moins à ses débuts, forcer l’évolution de son principal concurrent Facebook.
Certaines fonctionnalités et changements esthétiques de Facebook ont vu le jour grâce à Google+. D’ailleurs, j’ai parlé sur mon blogue de plusieurs de ces évolutions que j’ai souvent décrites comme étant de pures copies plutôt que de simples inspirations. Je pense que mon opinion était plutôt réaliste et justifiée puisque Facebook a répété le stratagème notamment en copiant plusieurs fonctionnalités d’autres réseaux comme Snapchat, dont il a repris notamment les « stories » qui sont à la base même de l’application populaire auprès des jeunes (lire « Les « Stories » de Snapchat arrivent sur l’application mobile de Facebook. Jusqu’où ira le clonage ? ».
Déjà quelques semaines suivant le lancement de Google+, Twitter et Facebook ont déployé une série de nouveautés et améliorations sur leur réseau après qu’ils soient restés longtemps inactifs en termes de développement (lire « Quand Google+ force les nouveautés sur Facebook et Twitter »). Je voyais déjà un côté positif à la venue de Google+.
L’une des choses que j’ai aimées dès les premières utilisations de Google+, c’est tout le concept de la confidentialité qui était beaucoup plus facile à comprendre et à gérer sur ce réseau comparativement à Facebook.
L’idée des cercles était géniale !
D’abord, les contacts (amis ou professionnels) étaient ajoutés à des « cercles ». Ils étaient l’équivalent plus évolué des listes de Facebook que ce dernier n’a jamais mis en valeur et même complètement fait disparaître de sa plateforme.
Pourtant, les listes de contacts sont plutôt utiles, ne serait-ce que pour choisir rapidement un groupe d’amis à qui partager certaines informations plus sensibles ou pour mieux filtrer sur son fil d’actualités les publications de certains amis seulement (ce qu’il était facilement possible de faire avec Google+). D’ailleurs, le même concept existe sur Twitter où je peux voir les informations publiées seulement par certains comptes faisant partie d’une liste en particulier.
Les paramètres de confidentialité étaient bien mieux gérés que sur Facebook
Ensuite, il était beaucoup plus facile sur Google+ de savoir exactement à qui s’adressait une publication. Des boutons de couleurs permettaient de choisir rapidement et facilement le public cible d’une publication. L’ajout de l’un de ces boutons était obligatoire à chaque publication, alors que Facebook tenait compte du dernier paramètre utilisé (souvent placé sans le savoir sur le mode « Public » !).
Visuellement, c’était beaucoup plus clair que ce que proposait Facebook à l’époque, avant que ce dernier améliore sa boîte de composition des messages en 2014 (lire « Facebook rend plus conviviaux les paramètres de confidentialité »).
Un réseau où les échanges étaient riches en pertinence
Au cours des dernières années, les spammeurs ont malheureusement fini par envahir le réseau social de Google, au point à diminuer grandement mon intérêt envers lui. Avant leur arrivée, les échanges (commentaires) sur mes publications étaient particulièrement riches en pertinence de la part des abonnés à mon compte. J’ai eu sur ce réseau les échanges les plus dynamiques et enrichissants que j’ai pu avoir sur Internet dans cette ère des médias sociaux. Je dis cela évidemment sans vouloir offenser quiconque me suit depuis longtemps sur Facebook et commente mes publications sur ce réseau.
Il faut comprendre ici que Google+ n’a jamais attiré le grand public présent sur Facebook. Sa base d’utilisateurs était concentrée principalement de professionnels œuvrant généralement dans des secteurs plutôt techniques et de passionnés discutant de sujets bien spécifiques (il a notamment été un endroit privilégié par les photographes). Durant les trois premières années de Google+, j’ai été naturellement et instinctivement davantage attiré et intéressé par ce réseau que par Facebook. Nombreuses de mes publications, généralement axées sur la technologie, ont suscité des débats intéressants et mouvementés. Que l’on soit d’accord ou non avec les propos émis par tout un chacun, le respect était de mise la plupart du temps.
Mais comme je le disais, c’était avant l’arrivée des spammeurs de masse qui ont rendu les échanges pénibles dans les commentaires des publications. Je n’ai pas utilisé Google+ sur une base régulière depuis un an. La forte présence du spam et, parallèlement, la diminution des utilisateurs de qualité en sont pour quelque chose.
Après ma période d’inactivité de presque 4 mois sur les réseaux sociaux suite à ma séparation l’été dernier, j’ai recommencé à publier sur Google+ il y a quelques semaines par simple curiosité. Il n’y a eu pratiquement aucune interaction sur mes publications.
Il est encore temps de sauvegarder le contenu publié sur son compte ou sa page Google+
La fin de Google+ a été prédite par des gens de tout horizon depuis très longtemps. Dans les faits, certains l’ont condamné alors qu’il n’avait pas encore un an. Mais le 2 avril 2019, ce sera définitif. Du moins, pour les comptes personnels…
Les utilisateurs du réseau qui ont un compte professionnel G Suite pourront toujours en profiter. Google promet même qu’il y aura de nouvelles fonctionnalités et des améliorations apportées à la plateforme.
Pour les autres, Google recommande de télécharger les données de son compte ou de sa page Google+ avant le mois d’avril 2019, et ce, même si la suppression des contenus des comptes et des pages sur le réseau s’étendra sur plusieurs mois.
Déjà, il n’est plus possible de créer des profils, pages, communautés ou événements Google+ depuis le 4 février dernier. La fermeture du réseau entraîne également la disparition de certains outils Google+ qui étaient offerts aux propriétaires d’un site Internet. C’est le cas du système de commentaires intégré à la plateforme Blogger qui était aussi utilisé par certains webmestres sur leur propre site Web. Google précise que tous les commentaires postés par le biais de ce système seront supprimés d’ici le 7 mars 2019. À ce sujet, je recommande fortement aux blogueurs d’utiliser le système de commentaires intégré à leur plateforme (WordPress par exemple) plutôt qu’un service externe qui pourrait être interrompu à tout moment.
Google fourni d’autres informations importantes relatives à la fermeture de son réseau social Google+ sur sa publication officielle disponible à cette adresse : https://support.google.com/plus/answer/9195133?hl=fr&authuser=0.
Avez-vous déjà utilisé Google+ ? Que pensiez-vous de ce réseau ? Donnez votre avis en commentaire à cet article…
2 commentaires
Sur « C’est la fin pour le réseau social de Google… et c’est dommage ! »
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Tout à fait d’accord avec vous.
Bon peut-être que ça mettra dans la lumière ceci :
https://whaller.com/fr
@Herbe c’est déjà un bon début, croyez-le ou non mais je ne connaissais pas ! Merci pour la découverte.