Déjà avec les P20 et P30, le fabricant Huawei s’est forgé une solide réputation sur le marché des téléphones intelligents haut de gamme. Je connais personnellement quelques personnes qui se sont laissées tenter par un produit de la marque et elles en sont très satisfaites. Mais Huawei fait face à tout un défi en 2020 alors qu’un conflit avec les Américains (ou devrais-je dire Donald Trump!) le prive des services de Google qui sont plutôt essentiels sur les téléphones Android. Que vaut alors ce P40 Pro dans cette situation? Voici mon point de vue suite à mon essai de l’appareil.
Huawei était un nom plutôt méconnu il y a quelques années au Québec. Puis la marque a fini par faire son chemin outre-Atlantique grâce à des appareils puissants reconnus notamment pour la qualité et les performances de leur appareil photo. L’ascension du fabricant est telle qu’il a pris la première place du marché mondial en avril 2020 devant Samsung et Apple, alors que la planète s’est retrouvée en confinement en raison de la pandémie de Covid-19.
J’ai eu en main le P40 Pro quelques semaines. Mis à part l’absence des services Google qui pourrait poser problème pour certains utilisateurs (j’explique le tout plus loin dans l’article), j’ai beaucoup aimé cet appareil puissant aux caractéristiques exceptionnelles.
Dès sa sortie de la boîte, il montre son élégance !
En le sortant de la boîte, on constate que le P40 Pro est plutôt assez lourd. Composé d’une coque en aluminium, le téléphone chinois donne toutefois rapidement une impression de tenir en main un appareil de luxe. J’ai bien aimé sa surface mate au dos. Pour protéger cette coque qui est certifiée IP68 (étanche à l’eau et résistante à la poussière), un étui est fourni dans la boîte avec un protecteur d’écran et les écouteurs qui ressemblent drôlement à ceux d’Apple.
Dans son ensemble, le téléphone est chic et élégant. Fait à noter, les bords incurvés du boîtier me rappellent certains modèles haut de gamme de Samsung.
Un téléphone de grande taille qui tient bien en main
La mode étant aux téléphones de grande taille (personnellement, je ne pourrais plus m’en passer !), celui-ci ne fait pas exception avec son écran de 6.58 pouces. Mais son format allongé fait en sorte que la prise en main de l’appareil est particulièrement agréable.
Petite remarque au sujet des coins de l’affichage que je trouve un peu trop arrondis. Ceux d’en bas coupent certains éléments comme les touches du clavier. Cela est moins perceptible sur les applications par défaut développées par Huawei qui tiennent compte de cette caractéristique. On finit tout de même par s’habituer, surtout que l’écran couvre pratiquement toute la largeur du boiter.
Un écran lumineux aux couleurs riches et éclatantes
Cet écran OLED est particulièrement brillant et lumineux, grâce notamment à son taux de rafraichissement de 90 Hz. Dans les faits, réglée au quart de sa capacité, la luminosité de ce P40 Pro équivaut presque à celle de mon Pixel à sa puissance maximale que j’ai toujours trouvée insuffisante (opinion exprimée à ce sujet dans mon article Essai du téléphone Pixel 3 XL, la grande merveille technologique 2018 « Made by Google »).
Enfin, la résolution de 2640 x 1200 pixels offre une définition qui rend l’utilisation de l’écran très confortable même sur une période prolongée.
Petite note à propos de l’encoche qui intègre les capteurs de la caméra frontale. Elle est plus prononcée que sur certains téléphones où l’on ne retrouve maintenant qu’un petit poinçon (ou goutte), mais elle est aussi plus petite que sur plusieurs autres modèles comme les iPhone de dernière génération. Elle ne m’a pas du tout dérangé.
Des composantes de dernier cri pour un téléphone puissant et fluide
Du côté des composantes, le P40 Pro est équipé d’un processeur Kirin 990 à 8 cœurs (produit par une filiale de Huawei), de 8 Go de mémoire vive (RAM) et un espace de stockage de 128 ou 256 Go. L’appareil testé avait la deuxième capacité. En plus de cet espace de stockage, le téléphone accepte l’insertion d’une carte mémoire externe si l’on n’utilise pas l’emplacement pour une deuxième carte SIM.
Grâce à ce puissant matériel, Huawei propose ici un téléphone très réactif qui répond rapidement au moindre geste. Il faut dire que la partie logicielle, dont je parlerai plus loin, aide à cette fluidité puisque son interface est plutôt épurée. Je ne suis pas un grand « gamer », le téléphone n’a donc pas été testé avec des jeux réputés pour consommer beaucoup de ressources. Mais je n’ai aucun doute que le P40 Pro soit tout indiqué pour ceux et celles qui utilisent aussi leur téléphone pour les gros jeux vidéo.
Une connectique récente pour améliorer la vitesse
En ce qui concerne la connectivité, Huawei nous propose que ce qu’il y a de plus récent sur le marché. On retrouve une puce Bluetooth 5.1 de dernière génération, les normes Wi-Fi 802.11 n/ac et Wi-Fi 6 et même de l’infrarouge (IrDA) qui permet de contrôler à distance telle une télécommande des appareils comme la télé. Cela a plutôt bien fonctionné sur la mienne et même le terminal de Vidéotron qui était listé dans l’application. Par ailleurs, le nouveau téléphone de Huawei est l’un des premiers du marché à être compatible avec le réseau 5G que je n’ai pas pu essayer.
Un lecteur d’empreintes presque invisible
Et le lecteur d’empreintes dans tout cela ? Il est intégré sous l’écran. C’est le premier téléphone avec cette technologie que j’essaie. Habitué au lecteur d’empreintes logé au dos du téléphone, je n’ai eu aucun mal à m’habituer à celui du P40 Pro. Au contraire, je trouve cela plutôt pratique et naturel. Huawei a plutôt bien intégré la technologie. Pour le déverrouillage, on peut également utiliser la reconnaissance faciale qui est assez efficace même dans un endroit sombre.
Une partie audio qui s’en sort bien, sans être la meilleure
Pour le reste, le téléphone est muni d’un port de recharge USB Type-C qui sert aussi aux écouteurs fournis avec l’appareil. Ceux-ci offrent une sonorité intéressante, mais pas exceptionnelle. Heureusement, les paramètres Android proposent des ajustements comme un égaliseur pour améliorer, entre autres, la restitution des basses et du son de la musique en général.
Sans les écouteurs, le téléphone possède un seul haut-parleur offrant une expérience sonore en mono pour l’écoute de la musique. Le son est plutôt puissant et bien équilibré sans souffrir de trop de distorsion à puissance plus élevée. Mais ça manque de spatialité que l’on retrouve sur d’autres téléphones comme le Pixel de Google.
Une autonomie qui impressionne
C’est plutôt frustrant de voir la batterie de son téléphone diminuer rapidement au point de ne pas pouvoir finir la journée. Ce n’est pas le cas du P40 Pro qui est muni d’une batterie de 4200 mAh. Couplée à une optimisation logicielle qui semble efficace, elle permet au téléphone de tenir sans problème toute une journée et au-delà avec une utilisation intensive.
Sur une charge complète qui s’effectue rapidement, j’ai laissé en veille le téléphone durant 4 journées entières sans l’utiliser et il n’avait perdu qu’environ 35 % de sa charge. Il faut préciser par contre qu’à ce moment je n’avais pas encore connecté le téléphone au réseau cellulaire (LTE), seulement en Wi-Fi.
Le roi des « photophones » de l’année 2020 ? C’est bien possible !
Comme je le mentionnais en début d’article, Huawei a su se forger une solide réputation sur le marché notamment (et surtout) par la grande qualité des capteurs photo qu’il embarque sur ses téléphones haut de gamme. J’ai compris pourquoi en essayant le P40 Pro.
Sur papier, tout semble particulièrement « bluffant ». Dans la pratique, ce l’est autant. Huawei mise encore une fois sur du « hardware » de qualité. Ici, les caméras s’appuient sur le savoir-faire de la société d’appareil photo haut de gamme Leica, partenaire de Huawei depuis 2018.
Ainsi, à l’arrière on retrouve un appareil photo à quadruples capteurs. Le premier, de 50 Mpx (la plus grande résolution photo que j’ai essayée sur un téléphone), a une ouverture f/1,9 et se veut plus large que la moyenne pour un téléphone intelligent, soit 1/1,28 pouce. Si vous ne comprenez pas les termes techniques de la photographie, sachez que plus un capteur est large, plus il peut capter de lumière et produire des photos claires et détaillées même en situation de faible éclairage.
On retrouve également un ultra grand-angle de 40 mégapixels (f/1,8), un téléobjectif de 12 mégapixels (f/3,4) avec zoom optique x5 et un capteur TOF. Outre la photographie, ces capteurs permettent aussi de filmer en 4K à 60 images par seconde.
Pour la partie frontale qui sert aux égoportraits (selfies), on retrouve un capteur de 32 Mpx accompagné d’un capteur TOF, le tout pouvant filmer des vidéos en full HD (1080p).
Qui a dit que le « smartphone » ne peut pas remplacer un appareil photo classique de nos jours ? J’ai longtemps eu cette idée, moi qui étais jadis un grand utilisateur d’un appareil Reflex.
Dans la plupart des situations, le P40 Pro m’a donné de beaux clichés. J’ai particulièrement aimé la lentille grand-angle pour les prises de vue larges et étendues. Voici des exemples (cliquez sur les images pour la taille réelle, la publication sur mon blogue réduit malheureusement la qualité des photos) :
L’intelligence artificielle joue un rôle important, notamment en détectant automatiquement les sujets à l’écran (fleurs, verdure, ciel bleu, coucher de soleil, etc.) pour mieux ajuster la colorimétrie sur les clichés.
L’IA va même plus loin en proposant notamment une fonctionnalité qui permet de supprimer d’une photo certains sujets comme des personnes qui passaient par là par hasard. Je n’ai pas essayé cette fonction, mais une vidéo de présentation dit tout :
Seuls petits bémols suite à mon expérimentation, à certaines occasions le focus s’est avéré étrangement un peu lent (surtout sur les vues rapprochées) et les couleurs un peu plus froides qu’en réalité (un ciel trop bleu notamment). De plus, il faut s’attendre à des fichiers de plus grande taille en utilisant le capteur 50 Mpx dans sa pleine résolution. On comprend pourquoi Huawei propose un téléphone offrant une capacité de stockage au-delà des 128 Go !
Avant d’aller plus loin, un bref retour sur la saga qui oppose Huawei au gouvernement américain…
La dernière partie de mon article est consacrée à mon expérience d’utilisation générale du téléphone (la partie logicielle) et des applications sur celui-ci. Pour mieux comprendre mon opinion à ce sujet, je crois important de revenir brièvement sur la raison pour laquelle le fabricant chinois a dû dépouiller son nouveau bijou technologique des services de Google, même si l’appareil fonctionne toujours avec Android (système développé par la société américaine).
Mercredi 15 mai 2019, le président américain Donald Trump signe un décret qui vise à interdire aux groupes américains de télécoms de commercer avec certaines sociétés étrangères. La principale cible de la « liste noire » du gouvernement américain est Huawei, fabricant chinois qui a connu une ascension fulgurante sur le marché mondial de la téléphonie. Grandement impliqué dans le développement de la technologie du réseau cellulaire 5G en déploiement partout dans le monde, Huawei représenterait selon Trump un risque pour la sécurité nationale américaine.
Huawei a toujours nié en bloc les allégations de Donald Trump et prétend qu’il s’agit d’une stratégie déloyale pour freiner son ascension sur le marché. D’ailleurs, le gouvernement américain n’a jamais pu démontrer des preuves de ce qu’il avance.
Quoiqu’il en soit, la société américaine Google a annoncé le 19 mai 2019 qu’elle se conformerait au décret du président et, par conséquent, ne collaborerait plus avec Huawei. Le fabricant chinois ne pourrait donc plus utiliser les différents services et applications populaires de Google, ni la version commerciale de son système d’exploitation Android.
En 2020, on se retrouve donc avec un téléphone P40 Pro haut de gamme équipé de la version « Open Source » d’Android, sans aucun service de Google. Cela inclut, entre autres, sa boutique d’applications Play Store.
Alors comment se passe l’utilisation du téléphone sans services Google ?
D’abord, avant de poursuivre sur l’absence des applications Google sur le P40 Pro, je vais donner mon opinion sur l’ensemble de la partie logicielle du téléphone. Si le système d’exploitation Android est personnalisé par Huawei (connu alors sous le nom EMUI), le fabricant n’a pas modifié outre mesure le système de base. Au point où j’ai eu parfois l’impression d’utiliser une version « stock » d’Android, celle proposée sans surcouche sur les téléphones Pixel de Google notamment.
L’interface est très agréable à utiliser. Elle est fluide et respecte l’intégration de la gestuelle faite par Google dans Android 10. Les paramètres pour configurer le téléphone, entre autres, sont bien divisés et on trouve assez facilement ce que l’on cherche à modifier. L’interface peut être personnalisée avec des thèmes qui sont malheureusement trop peu nombreux à être offerts gratuitement.
De plus, contrairement à ce que l’on a pu voir dans le passé chez plusieurs fabricants, Huawei n’a pas surchargé son téléphone d’applications qui peuvent s’avérer parfois inutiles. Les applications de base sont là (navigateur maison, téléphone, SMS, appareil photo, galerie, musique, vidéos, agenda, horloge, courriels, bloc-notes et autres outils), sans plus.
Pas de Play Store, mais quelques solutions pour obtenir toutes nos applications
Nous voilà dans la suite des choses alors qu’on souhaite installer nos applications préférées que l’on retrouve habituellement dans le Play Store de Google. En l’absence ce celui-ci, Huawei a développé sa propre boutique d’applications baptisée « AppGallery ». Elle est plutôt bien conçue, mais au moment d’écrire ces lignes le catalogue est encore plutôt limité. Peu de mes applications habituelles se retrouvaient dans la boutique.
Pour pallier ce manque, Huawei a aussi ajouté à son téléphone une autre application nommée « Petal Search ». Cet outil de recherche permet de trouver les applications populaires souhaitées sur des boutiques alternatives sur Internet comme APKPure. Elle fait une sacrée différence, j’ai trouvé la majorité des applications Android que j’utilise au quotidien. Il ne manque plus qu’une fonctionnalité de mise à jour automatique, car il faut pour le moment mettre à jour chaque application manuellement.
Passer par les boutiques alternatives est une bonne option, il est seulement dommage qu’elles affichent autant de publicités. Heureusement, Petal Search procède à un examen de sécurité lors de l’installation, juste au cas où…
Si les deux solutions précédentes ne suffisent pas, il en reste une autre très intéressante qui a plutôt bien fonctionné avec mon téléphone Pixel de Google. Elle est même selon moi la meilleure méthode pour commencer à utiliser rapidement le P40 Pro avec ses applications favorites.
L’application « Phone Clone » est préinstallée dans le téléphone de Huawei. Il suffit de l’installer aussi sur son ancien téléphone, de jumeler facilement les deux appareils et de choisir les éléments à synchroniser entre les deux (photos, SMS, journal des appels et applications). Le tout se passe en connexion directe, sans Internet. Avec cette méthode, toutes mes applications ont été transférées depuis mon Pixel en quelques minutes, sauf, bien sûr, les applications Google !
Enfin, en dernier recours, il reste la possibilité d’utiliser le navigateur Web de Huawei pour ajouter à l’écran d’accueil du téléphone la « Web app » d’un service qu’on utilise comme Twitter. La plupart des navigateurs mobiles récents offrent cette option plutôt méconnue.
Ma petite conclusion…
Alors voilà ce que j’en pense au final. Le P40 Pro de Huawei est un magnifique téléphone, élégant, et sûrement l’un des plus puissants sur le marché cette année. Son appareil photo est encore une fois l’une de ses forces et le téléphone a tous les atouts pour convaincre les utilisateurs les plus exigeants, notamment les professionnels.
Il est vrai que la boutique d’applications qui remplace le Play Store de Google (AppGallery) devra étoffer son offre. Mais les solutions de rechange pour profiter de ses applications Android préférées compensent plutôt bien cette lacune. À moins d’utiliser intensivement tous les services de Google, je ne vois là pas trop de problèmes.
Est-ce que je recommande le P40 Pro ? Assurément et définitivement, mais pas nécessairement à monsieur et madame tout le monde pour qui l’utilisation d’un téléphone est fastidieuse (allô grand-maman…!?).
Cette haute technologie a un prix qui avoisine celui de certains iPhone d’Apple. Il faut débourser environ 1,750 $CAN plus taxes pour le P40 Pro. Mais il est aussi offert sous forme d’entente avec la plupart des opérateurs téléphoniques canadiens. Les prix varient selon le forfait choisi (il est alors sous la barre des 500 $CAN).
Page officielle du produit (Huawei Canada) :
https://consumer.huawei.com/ca-fr/phones/p40-pro/