On serait porté à croire que la migration des médias écrits traditionnels vers les nouvelles technologies de l’information est inévitable. À juste raison d’ailleurs. De nombreux journaux, pour ne pas dire la plupart, ainsi que plusieurs magazines possèdent aujourd’hui leur propre site internet où est proposé un contenu complémentaire, parfois exclusif. Un quotidien américain est peut-être en voie de tracer la route aux médias traditionnels puisqu’à partir du mois d’avril prochain, l’édition papier sera remplacée par une version virtuelle disponible en ligne seulement. Les autres publications finiront-elles par succomber à la pression qu’exerce le Web sur elles en abandonnant définitivement la formule qui les a fait connaître?
Le journal Christian Science Monitor a été fondé il y a maintenant 100 ans. Le quotidien fêtera ce centenaire le 25 novembre prochain. Même si son titre évoque toujours un caractère religieux, le quotidien a quelque peu changé de vocation au cours des années pour devenir principalement un média d’actualité internationale. Sa production est assurée financièrement par ses abonnés, mais aussi par l’église Science chrétienne.
Les temps étant ce qu’ils sont aujourd’hui, la publication de nombreux journaux est compromise par une situation financière difficile. Le quotidien de Boston n’a d’ailleurs pas caché les pertes anticipées de cette année qui se chiffreront en avril prochain à 18,9 millions de dollars américains. Pour cette raison, entre autres, le journal a décidé de laisser tomber sa version papier pour une version virtuelle qui sera disponible dès avril 2009.
Le journal comptera sur les revenus générés par la publicité sur son site Internet pour financer ses activités. Cependant, outre la version en ligne et par courriel de l’édition quotidienne, une publication hebdomadaire sera distribuée sur papier au coût de 3,50 $ la copie ou 89 $ pour une année. De plus, afin d’éponger sa dette, le Christian Science Monitor pourra bénéficier d’une subvention de l’église Science chrétienne qui le supporte depuis sa fondation en 1908.
Est-ce que d’autres publications distribuées à l’échelle nationale suivront le pas? Voici ce qu’avait à dire le rédacteur en chef du journal à ce sujet : « Je ne suis pas certain que le reste de l’industrie nous suivra, mais je pense qu’ils nous observeront ».
Par ailleurs, Lou Ureneck, chef du département de journalisme à l’Université de Boston, a affirmé ceci : « Ils font quelque chose de nouveau et de novateur. D’autre part, ils s’éloignent de la tradition, et lorsque nous parlons de journalisme et de la couverture de l’actualité, il y a un certain poids et une continuité associés à la tradition, ce qui apporte au journal sa crédibilité ».
Pour ma part, étant moi-même un adepte des journaux en ligne, je crois qu’avec la présence soutenue d’Internet et la propagation de nouvelles formes de publications telles que les blogues, il n’est pas impossible que d’autres journaux et magazines décident dans un avenir plus ou moins lointain d’abandonner le papier pour n’offrir que des publications électroniques.