Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, il était le chef de file d’une société qui porte son nom. Si je vous parle du fournisseur de téléphonie Rogers Communications, sachez que Edward Samuel « Ted » Rogers était son créateur. Apprécié de la communauté et des gens d’affaires qui le fréquentaient, cet homme a suivi les traces de son père reconnu pour des réalisations qui ont fait de notre présent une belle réussite technologique de notre passé. Monsieur Ted Rogers est décédé le 2 décembre dernier à son domicile de Toronto à l’âge de 75 ans. Il laisse en héritage l’entreprise numéro un de la téléphonie portable et du câble au Canada.
Il y a de ces hommes dont il fait bon parler quand arrive le moment de reconnaître la générosité, l’intelligence et l’humanisme dont ils ont fait preuve tout au long de leur vie.
Monsieur Edward Samuel « Ted » Rogers a suivi les traces de son père, décédé malheureusement dans la fleur de l’âge à 39 ans en 1939. Au début du 20e siècle, ce dernier était considéré par certains comme un « génie » précoce. En effet, il est ni plus ni moins l’inventeur de la radio électrique. Il a également travaillé à la création de plusieurs appareils de communication grandement utilisés aujourd’hui comme le téléviseur et le radar.
Même si Ted Rogers n’avait que cinq ans à la mort de son père, il a toujours affirmé qu’il lui avait transmis la passion de la diffusion et des télécommunications. C’est notamment grâce à cet intérêt marqué pour les communications qu’il a acquises en 1960 la station de radio CHFI avec un emprunt de 85 000 $. À cette époque, moins de cinq pour cent de la population possédaient un poste FM. Pour accroître cet auditoire, il n’a pas hésité à acheter un grand nombre de récepteurs FM qu’il a vendus au prix coûtant. CHFI est aujourd’hui la plus importante station radiophonique au Canada.
Ne s’intéressant pas seulement au monde de la radio, monsieur Rogers obtint des parts dans la première station de télévision privée au Canada, CFTO-TV. Ses activités de diffusion prirent de l’expansion et il s’intéressa à une nouvelle technologie qu’il exploitera dès 1976, la câblodistribution.
Au cours des années 60 et 70, la compagnie de monsieur Rogers qui portait son nom offrit des services de qualité comme une image de qualité supérieure et un grand nombre de chaînes accessibles au moyen d’un convertisseur. Rapidement, la compagnie s’est imposée d’une façon à devenir une pionnière dans le domaine. Si bien qu’au début des années 80, Rogers est devenue la plus importante société de télécommunications au Canada, et même au-delà puisqu’elle a fait son entrée sur le marché américain.
Monsieur Rogers était reconnu pour son énergie inépuisable. Il était un bourreau de travail. On a même pu le voir à plusieurs reprises travailler depuis un lit d’hôpital. Cette détermination lui aura permis de bâtir une société qui a aujourd’hui une valeur boursière de 22 milliards de dollars canadiens.
Tout en ayant connu des hauts et des bas, Rogers Communications inc. détient aujourd’hui la plus importante société de communications sans fil au Canada, la plus vaste société de câblodistribution au pays, 52 stations de radio, ainsi que plus de 70 magazines grand public. La société possède même l’équipe de baseball de Toronto, les Blue Jays, que le père fondateur a acquise en l’an 2000.
Malgré ce succès, Ted Rogers était un homme des plus généreux. Au début des années 2000, entre autres, il a fait un don de 25 millions de dollars à l’université de Toronto (le plus gros don d’un particulier jamais reçu par cette institution) et de 10 millions de dollars à l’Université Ryerson. En mai 2007, il a versé 15 millions de dollars de plus à cette dernière.
Interrogé par le Toronto Life à propos de son implication financière dans le milieu universitaire, il avait répondu ceci : « L’éducation peut refaçonner un pays, une ville et en faire quelque chose de nouveau en à peine une génération ».
Le décès de Ted Rogers a créé une onde de choc dans le milieu des affaires. Pier-Carl Péladeau, autre magnat des affaires qui est à la tête de l’empire Québécor, a affirmé :
« Aujourd’hui, nous saluons la mémoire d’un homme qui a été non seulement un chef de file des télécommunications, mais aussi l’un des plus grands, sinon le plus grand entrepreneur que le Canada ait connu ».
De belles paroles provenant du fils de Carl Pierre Péladeau, autre homme au grand cœur qui aura laissé sa marque avec un empire qui est aujourd’hui associé à celui du grand Rogers…