Notre époque étant ce qu’elle est, on tente désespérément de remplacer l’humain par des machines, et ce, dans n’importe quelle sphère sociale et professionnelle. Certains n’aiment pas l’idée et chacun a ses propres raisons. Pour ma part, mon opinion est plutôt partagée. Je suis entièrement pour la mise en place de systèmes qui permettront d’assister l’humain dans ses diverses tâches quotidiennes. En revanche, je déteste une certaine tendance qui s’est imposée à nous ces dernières années, celle qui consiste à utiliser une machine pour effectuer automatiquement un appel téléphonique chez monsieur et madame tout le monde. Voici un petit fait cocasse qui s’est produit chez moi dernièrement.

Vendredi soir, 19 h. J’arrive de ma quatrième semaine de travail dans une nouvelle entreprise. Ayant été travailleur autonome durant plusieurs années, ma ligne d’affaires sonne encore de temps à autre en raison de clients qui ne sont pas encore informés de mon changement professionnel.

Ainsi, durant ce vendredi doux et pluvieux du mois de février, le répondeur téléphonique indique deux nouveaux messages. Après avoir écouté le premier provenant d’un ancien client, je reste complètement bouche bée en écoutant le deuxième. Je souris, mais je me questionne. Entendais-je vraiment une machine se faire « ridiculiser » pas ma boîte vocale?

Dans mon patelin, à Jonquière (Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec), il y avait un projet de construction pour une grande bibliothèque moderne, un véritable centre de la culture de notre ère moderne. Nous avons appris récemment que le projet a été retardé, voire annulé en raison de certaines priorisations dans les budgets gouvernementaux. Voici un communiqué qui traite de cette affaire (sur laquelle je ne veux pas m’attarder, là n’est pas le but de cet article!).

Enfin, la ville (ou le maire?) se questionne sur le choix de l’emplacement de la future bibliothèque qui ne verra peut-être jamais le jour. On a donc décidé de « sonder » la population. Puisque j’ai deux lignes téléphoniques à la maison, celle d’affaire étant toujours active jusqu’à la fin du mois, on a composé mes deux numéros pour me questionner.

Étant absent, mon répondeur a bien sûr fait son travail comme il se devait. Il l’a plutôt bien fait, j’avouerai. L’interlocuteur, une machine qui n’a visiblement pas compris qu’elle s’adressait à une machine, a posé sa première question. Devant l’inaction de MA machine à répondre correctement, l’autre machine réplique sans cesse en posant à nouveau sa question et en me soufflant comme message d’erreur « Votre choix n’est pas valide, veuillez recommencer… ».

Le petit sketch plutôt amusant a duré deux minutes : mon répondeur lui a raccroché la ligne au nez! J’avais effectivement imposé une limite de temps pour l’enregistrement des messages sur celui-ci. Sans cette configuration de ma part, nul ne sait si la conversation aurait fini par aboutir avant qu’il ne manque d’espace pour l’enregistrement…

Morale de l’histoire : oui, l’informatique et la technologie c’est bien, j’en mange même chaque jour. Mais je regrette déjà l’époque où une petite madame me faisait grâce de sa jolie voix de réceptionniste pour me demander si je voulais participer à un sondage. C’est vrai, je lui aurais peut-être dit non par manque de temps, comme c’est si souvent arrivé. Mais au moins, j’aurais eu le privilège de converser de vive voix avec une vraie personne, action humaniste qui ne sera bientôt plus qu’une obligation dématérialisée…