Cela fait tout drôle de donner un titre comme celui-ci quand on pense que Larousse est depuis longtemps une référence dans le domaine des dictionnaires et des encyclopédies. Mais sur le Web, le géant de la culture et du français bien écrit n’a pas la réputation d’un Wikipédia largement utilisé par différentes communautés à travers le monde qui sont, pour une partie, les auteurs de son contenu. C’est donc le 13 mai dernier que Larousse a lancé sur son site Internet une nouvelle encyclopédie qui reprend les 150 000 articles publiés dans l’Encyclopédie Universelle Larousse. Désireux de faire sa place sur le Web aux côtés de Wikipédia, Larousse propose aux internautes de participer à l’enrichissement de son encyclopédie en ligne. Une idée qui n’est pas nouvelle, mais qui pourrait puiser sa crédibilité sur la qualité et la fiabilité de son contenu.

Wikipédia possède plus d’un million d’articles. Ils ont tous été rédigés par des internautes contributeurs anonymes. Les articles peuvent être modifiés par les lecteurs qui veulent leur apporter des précisions ou corriger des erreurs. Le succès de l’encyclopédie en ligne n’a pas été instantané. Son contenu actuel est le fruit de plusieurs années de contribution des internautes qui s’intéressent à ce modèle encyclopédique.

Pour sa part, Larousse possède une réputation qui n’est plus à faire. Les dictionnaires de l’éditeur ont traversé le temps en facilitant l’éducation des jeunes issus des différentes générations. Ils ont d’ailleurs occupé le coin de mon pupitre lorsque j’étais à l’école au niveau primaire. Certains dataient déjà de plusieurs années. C’est à se demander s’ils n’avaient pas déjà servi à l’éducation de mes parents Baby-Boomers. C’était l’époque où le Web était un terme de l’avenir et où l’achat d’un ordinateur était souvent réservé aux familles un peu plus fortunées.

Larousse s’est bien sûr adapté aux nouvelles technologies en proposant des versions numériques de ses dictionnaires et encyclopédies. Il est devenu une référence dans le domaine du savoir en proposant, entre autres, des outils linguistiques riches en contenu multimédia. Mais tout ce savoir-faire a un prix. C’est d’ailleurs l’une des raisons pourquoi Wikipédia est si populaire. Nous avons accès instantanément à du contenu encyclopédique sur le Web, et ce, tout à fait gratuitement.

Wikipédia est en ligne depuis sept ans. Il aura fallu tout ce temps pour que Larousse se décide à le concurrencer en proposant une encyclopédie qui peut être enrichie par les internautes. On est en droit de se demander comment fera Larousse pour rivaliser avec Wikipédia qui est maintenant bien établi sur la Toile. La réponse se trouve peut-être dans le fonctionnement qu’a adopté Larousse pour la contribution des internautes au contenu de son encyclopédie en ligne.

Afin de préserver la qualité du contenu sur laquelle l’éditeur a bâti sa réputation, une équipe de modérateurs a déjà été mise en place pour voir à ce que les articles publiés ne contiennent pas de propos injurieux, discriminatoires ou violents. Une liste de plus de 2 000 termes leur a été donnée pour faciliter ce contrôle. De plus, contrairement à Wikipédia, tous les auteurs verront leur nom affiché sous leurs articles dont ils auront les droits. Cela veut donc dire que toute utilisation d’un article par un tiers devra faire l’objet d’une autorisation préalable. Enfin, seul l’auteur pourra modifier le contenu qu’il a publié. Les visiteurs pourront apporter leurs commentaires et noter le contenu, mais ils ne pourront pas le modifier comme c’est le cas sur Wikipédia.

Je crois que l’encyclopédie en ligne de Larousse ne tardera pas à se démarquer sur le Web. Déjà, nous avons accès aux 150 000 articles publiés par l’éditeur qui propose également plusieurs milliers de documents multimédias. Les articles rédigés par les internautes ont aussi commencé à faire leur entrée sur le site. Pour mieux distinguer le contenu provenant de l’équipe de Larousse et celui créé par les internautes, l’éditeur utilise un code de couleur. Ses propres articles sont identifiés par la couleur orange, tandis que les autres arborent des graphiques violets.

J’ajouterai en terminant que Wikipédia publiera cet automne en Allemagne une version papier de son encyclopédie. Cette édition comptera 50 000 articles portant sur les mots-clés les plus tapés sur son site Internet. Cette initiative pourrait donc mener les deux géants de la culture dans un duel au-delà du Web. À suivre…