C’est ce 10 septembre 2014 que se termine le salon de l’électronique IFA de Berlin. Cette année, l’un des gadgets à l’honneur était la montre connectée. Après l’annonce d’une montre Apple dévoilée lors de sa conférence du 9 septembre, j’ai cru bon rédiger un article pour démystifier quelque peu cette nouvelle tendance du « prêt-à-porter » qui nous connecte en permanence à Internet.
Avant de parler de montres connectées, il est impératif que j’aborde brièvement l’histoire des objets connectés en général. Que sont-ils ? Comment fonctionnent-ils ? Tout d’abord, l’objet connecté n’est en quelque sorte qu’une des évolutions de l’Internet des objets. Comme décrit sur Wikipédia (ayant pour source le livre L’Internet des Objets par Pierre-Jean Benghozi, Sylvain Bureau et Françoise Massit-Folléa), il s’agit d’un « réseau de réseaux qui permet, via des systèmes d’identification électronique normalisés et sans fil, d’identifier et de communiquer numériquement avec des objets physiques afin de pouvoir mesurer et échanger des données entre les mondes physiques et virtuels ».
Définition et présentation des objets connectés
Un objet connecté est donc en quelque sorte un objet ayant une identité numérique unique et une « personnalité » virtuelle, qui fonctionne dans un monde bien réel, mais qui utilise des interfaces intelligentes pour se connecter à Internet et communiquer avec d’autres objets.
Pour mieux imager tout ce « charabia » technique, je parlerai ici de ce qui serait, semble-t-il, le premier objet connecté de l’histoire. Son créateur est Rafi Haladjian, celui qui a créé en 1994 le premier opérateur Internet en France (FranceNet à l’époque). C’est avec sa société « Violet » qu’il lance en 2003 une lampe baptisée « DAL ». Équipée de 9 lumières DEL et d’une connexion sans fil (Wi-Fi), elle change de couleur en fonction des événements qui l’entourent : réception de textos, météo, alertes Google et autres fonctionnalités banales. Un objet connecté sans grand intérêt, me direz-vous. Vous n’avez pas vraiment tort. Vous pouvez voir la lampe en action dans cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=m28AL8068do.
Un peu plus tard, la même société lance en 2005 le célèbre Nabaztag. C’est un lapin (en plastique !) connecté à Internet (par Wi-Fi) qui est capable de lire à voix haute les courriers électroniques, diffuser des informations, de la musique ou émettre des signaux visuels (lumières). Après des problèmes financiers et des rachats par d’autres compagnies, le lapin renommé Karotz est toujours en vente aujourd’hui et peut faire bien plus de choses qu’à l’époque. Il peut notamment jouer de la musique, surveiller la maison avec sa webcam intégrée et vous obéir avec la reconnaissance vocale. Site Internet : http://store.karotz.com/fr_FR/.
Aujourd’hui, les objets connectés sont partout. Ils sont dans l’automobile, dans la salle de bain avec la brosse à dents, dans la cuisine avec ce réfrigérateur qui peut lister par lui-même les aliments manquants ou périmés, et même dans le merveilleux monde de la mode. Les objets connectés de cette catégorie sont aussi appelés des « Wearables », ou « Wearable Computing » (en français : informatique vestimentaire), soit des interfaces informatiques que l’on porte sur le corps.
Des objets connectés prêts à porter
On a trouvé plusieurs utilités aux objets connectés. L’une d’elles présente des solutions pour la santé. Par exemple, Google travaille actuellement sur des lentilles pour les diabétiques. Portées par ceux-ci, elles peuvent analyser le taux de glycémie par les larmes et indiquer une carence en sucre en changeant simplement de couleur. Par ailleurs, la même compagnie a développé des lunettes connectées qui peuvent, entre autres, indiquer des informations utiles à celui ou celle qui les porte (idéales par exemple pour les touristes) et prendre des photos. Ce sont les Google Glass qui peuvent être enfin achetées par le grand public (aux États-Unis) depuis mai 2014.
Outre ces lunettes qui ont suscité un grand intérêt depuis deux ans, les bracelets connectés ont aussi connu, déjà, un certain succès auprès d’une clientèle spécifique. Ce sont, entre autres, les sportifs qui peuvent enfin analyser précisément diverses données comme les pulsations cardiaques et le nombre de kilomètres parcourus durant leurs entraînements. Ces bracelets se connectent avec l’ordinateur ou le téléphone intelligent pour récupérer et analyser les données enregistrées durant l’activité. L’un des bracelets reconnus est le Fuelband de Nike, qui a cessé toutefois sa production récemment pour se concentrer sur le domaine logiciel (applications pour téléphones mobiles).
Plusieurs fabricants ont fait évoluer ce marché en proposant diverses nouvelles fonctionnalités à leurs bracelets. Ces derniers ne se contentent plus désormais d’enregistrer de l’information pouvant être récupérée ensuite par un autre appareil, mais ils se connectent en permanence au téléphone intelligent pour interagir avec lui. Pourvus désormais de lumières DEL ou d’un écran permettant d’afficher quelques informations, ils peuvent recevoir des notifications et même… afficher l’heure !
Enfin, les montres connectées deviennent tendance
Si l’on peut concevoir des bracelets connectés pouvant afficher l’heure, pourquoi ne pourrait-on pas créer des montres intelligentes ? C’est ce que se sont posés comme question plusieurs fabricants qui auront attendu 2014 pour suivre une nouvelle tendance imposée par Samsung avec sa Galaxy Gear sortie l’an dernier. Plus d’une dizaine de montres connectées ont été présentées lors du salon IFA 2014 à Berlin. Le 9 septembre, la grande machine marketing qu’est Apple a dévoilé la sienne qui sera sur le marché au début de l’année 2015 (lire mon article à ce sujet). Je proposerai d’ailleurs bientôt un autre article qui présentera les montres connectées les plus « tendance » de l’automne.
Alors, qu’est-ce qu’une montre connectée, aussi connue sous le nom de « montre intelligente » ou « smartwatch » comme l’appellent les anglos et les cousins Français ? C’est simplement une montre dans laquelle le fabricant a intégré diverses composantes communes aux téléphones intelligents. Ici, il n’y a rien de mécanique, tout est électronique et numérique. Les composantes vont de la puce GPS à l’écran tactile, sans oublier les connectiques comme le Wi-Fi et le Bluetooth, de même que différents capteurs qui servent notamment à mesurer les battements cardiaques.
La montre intelligente est connectée en permanence au téléphone (par Bluetooth) qui ne doit jamais être loin de soi, pour le moment du moins. Certaines montres pourront bientôt fonctionner de façon indépendante, comme c’est le cas de la Neptune Pine conçue au Québec.
Les montres sont équipées d’un système d’exploitation comme celui du téléphone, mais conçu spécifiquement pour les appareils de ce type. Il y a quelques mois, Google a d’ailleurs dévoilé « Android Wear », une version de son système Android adaptée pour les objets connectés portables que l’on retrouve désormais dans de nombreuses nouvelles montres intelligentes.
Comme sur un téléphone, on peut télécharger et installer sur celles-ci des applications permettant d’ajouter des fonctionnalités à celles de base (application photo, textos, notifications, etc.). Malheureusement (car c’est une lacune), plusieurs de ces montres ne fonctionnent qu’avec certains appareils seulement conçus par le même fabricant.
Le cabinet américain Canalys a sorti une étude il y a quelques mois affirmant qu’au cours du deuxième semestre de 2013, il s’est vendu environ 1,3 million de montres intelligentes. Durant les six premiers mois de la même année, il s’en est vendu « seulement » 200 000. Le fabricant au palmarès des ventes n’était nul autre que Samsung qui détenait alors 53 % des parts de marché avec sa Galaxy Gear. Cette année, à peu près tous les fabricants majeurs de téléphonie mobile ont présenté leur propre montre intelligente, dont Apple qui viendra sans doute démocratiser davantage (ou enfin?) ce marché.
Êtes-vous prêt ou prête à porter une montre intelligente ? Que ce soit le cas ou pas, les montres connectées seront en vedette très bientôt dans une section qui leur sera réservée dans les grandes boutiques d’électronique de votre région. C’est une tendance qui est sûrement là pour rester.
Site d’actualités consacré aux objets connectés :
https://www.objetconnecte.net/